revêtir

revêtir

revêtir [ r(ə)vetir ] v. tr. <conjug. : 20>
• fin Xe; de re- et vêtir
I
1Couvrir (qqn) d'un vêtement particulier (signe d'une fonction, d'une dignité). habiller, 1. parer. Revêtir un prêtre des ornements sacerdotaux. Pronom. Se revêtir d'un uniforme. endosser . La reine, revêtue de ses plus beaux atours.
2Par ext. Investir. Revêtir qqn d'une dignité, d'une autorité. pourvoir. « La prêtrise égalait celui qui en était revêtu à un noble » (Renan).
3Couvrir d'une apparence, d'un aspect. Pronom. « Cet air de désintérêt dont il sait si bien se revêtir » (Stendhal).
4Mettre sur (un acte, un document) les signes matériels de sa validité. Revêtir un dossier des signatures prévues par la loi.
5(XVe-XVIe) Orner ou protéger par un revêtement. couvrir, enduire, garnir, habiller, recouvrir, tapisser. « Les murs en étaient à ce point rongés par le salpêtre qu'on avait été obligé de revêtir d'un parement de bois les voûtes des dortoirs » (Hugo). Toit revêtu d'ardoise. P. p. adj. Route revêtue, qui a un revêtement (2o).
II
1Mettre sur soi (un vêtement, un habillement spécial). endosser, mettre. Revêtir ses habits du dimanche, l'uniforme.
2(1250) Fig. Avoir, prendre (un aspect). prendre. « Une lutte qui pouvait revêtir un caractère si dangereux » (Madelin). « le diable, qui revêt, comme on sait, les formes les plus diverses » (France). Cet événement revêt une importance considérable.
⊗ CONTR. Dénuder, dépouiller, dévêtir.

revêtir verbe transitif (de vêtir) Mettre sur soi un vêtement, surtout un habit d'apparat ou une tenue spéciale : Revêtir un déguisement. Littéraire. Habiller quelqu'un d'un vêtement, mettre sur lui un insigne : Le président l'a revêtu de la grand-croix. Garnir, recouvrir un support ou un objet de quelque chose, d'un revêtement destiné à le renforcer, le protéger, l'orner : Revêtir un mur de papier peint. Littéraire. Être disposé de façon à couvrir, protéger, orner : La vigne vierge qui revêt la façade. Avoir, prendre telle forme, tel aspect, tel caractère : Des arbres qui revêtent des formes étranges. Pourvoir un acte, un document de ce qui est nécessaire pour qu'il soit valide : Revêtir un contrat de sa signature.revêtir (difficultés) verbe transitif (de vêtir) Conjugaison Comme vêtir : nous revêtons, vous revêtez ; il revêtait ; revêtant. Attention, aucune forme en revêtiss-. ● revêtir (synonymes) verbe transitif (de vêtir) Mettre sur soi un vêtement, surtout un habit d'apparat ou...
Synonymes :
- enfiler (familier)
- vêtir
Littéraire. Habiller quelqu'un d'un vêtement, mettre sur lui un insigne
Synonymes :
Garnir, recouvrir un support ou un objet de quelque chose, d'un...
Synonymes :
Littéraire. Être disposé de façon à couvrir, protéger, orner
Synonymes :

revêtir
v. tr.
rI./r
d1./d Mettre à (qqn) un vêtement particulier. On l'avait revêtu d'un manteau de cérémonie.
|| v. Pron. Se revêtir d'un habit.
d2./d Fig. Investir. Revêtir qqn d'un pouvoir.
d3./d Garnir d'un revêtement. Revêtir une piste de bitume.
d4./d Pourvoir (un acte, etc.) d'une marque de validité. Revêtir d'un visa, d'une signature.
rII./r
d1./d Mettre sur soi (un vêtement). Revêtir l'uniforme.
d2./d Fig. Prendre tel aspect, telle forme. Revêtir un caractère politique.

⇒REVÊTIR, verbe trans.
A. — [Le suj. désigne une pers.]
1. Revêtir qqn (de qqc.)
a) Vieilli. Revêtir qqn. Pourvoir de vêtements celui qui en manque. Revêtir les pauvres. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Habiller quelqu'un d'un vêtement particulier (vêtement de cérémonie ou de parade, signe d'une fonction ou d'une dignité) ou le munir d'un attribut particulier. Revêtir un prélat de ses ornements sacerdotaux. Ses femmes la dépouillent [la reine] de son armure et la revêtent de ses ornements royaux (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 117):
1. ... [les Romains] se faisoient un devoir de célébrer, en présence de leurs dieux, l'entrée de leurs enfans dans le second âge de la vie. C'étoit sous les auspices de ces dieux qu'ils les revêtoient de la robe virile.
BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 198.
Au passif. Être revêtu d'un cilice, de la pourpre, d'une robe de magistrat. Grand escogriffe, revêtu de la livrée marron (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 23).
Empl. pronom. réfl. Se revêtir d'un costume, d'un habit, de son uniforme. Maurice (...) dissimulait avec peine son malaise sous les luxueux habits dont il s'était revêtu (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 283).
♦ [Sans compl. indir.] Mettre de nouveau un vêtement. Il est minuit moins un quart (...) et je vais me revêtir pour aller à la messe [de minuit], dans un petit couvent de religieuses près d'ici (FLAUB., Corresp., 1876, p. 376).
En partic., vieilli. Habiller richement quelqu'un. M. d'Heureux, fils d'un capitaine de vaisseau, vingt ans, allant en Dalmatie (...), on dirait un paysan qu'on a revêtu (STENDHAL, Journal, 1806, p. 307).
c) Au fig.
) Littér. Investir quelqu'un d'une autorité, d'une charge, d'une fonction. Revêtir qqn d'une dignité. Le roi l'a revêtu d'un plein pouvoir (Ac. 1835, 1878). Ils ne pourraient m'accuser un jour de remplir les fonctions dont ils m'auraient revêtu, mais ils auraient à s'accuser seulement eux-mêmes de dispositions trop bienveillantes à mon égard (LAMART., Corresp., 1832, p. 250). Au passif. Être revêtu d'une charge, d'un commandement; le pouvoir, le titre dont il est revêtu. Ministres, revêtus de l'autorité et de la responsabilité inhérentes à leur fonction (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 122).
) Conférer à quelqu'un une qualité, le doter ou le pourvoir d'un caractère. Revêtir qqn d'honneur, de gloire. L'abbé Birotteau, l'un de ces hommes que Dieu a marqués comme siens en les revêtant de douceur, de simplicité (BALZAC, Lys, 1836, p. 296). Ceux qui l'ont entendue [Sarah Bernhardt] se souviennent de la majestueuse grandeur dont elle revêtait la fille d'Achab (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 194). Empl. pronom. Allons au Nord nous revêtir de force et de confiance; et le midi sera bientôt soumis (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 375).
2. Revêtir qqc. de qqc.
a) [L'obj. désigne une surface, un local, un objet] Recouvrir d'une couche protectrice, d'un revêtement, d'une décoration. Synon. couvrir. Revêtir un mur de carrelage. Il fallait revêtir ces murs de lambris en bois d'Irlande ou de ces tapisseries de haute lice, d'or et de fil d'Arras, si recherchées à cette époque (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 183). On avait même dû le revêtir [le plafond] d'une enveloppe de zinc pour protéger les hommes contre les douches continuelles (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 258). Part. passé en empl. adj. Salon revêtu de marbre. Tubes (...) revêtus extérieurement d'une chemise de plomb (VERNE, 500 millions, 1879, p. 124). Statue colossale d'Athéna, toute revêtue d'or et d'ivoire et haute de quinze mètres (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 67).
En partic. Faire un revêtement (sur quelque chose) (v. revêtement A 2 b). Revêtir un fossé, un bastion; revêtir une terrasse de gazon. Pour éviter le ravinement de la surface des talus, il suffit (...) de revêtir le talus (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 106).
b) Au fig. Présenter sous un aspect agréable, séduisant. Synon. orner, parer. Revêtir ses pensées d'un style brillant; revêtir le mensonge des apparences de la vérité (Ac. 1835-1935). Je sentais en moi je ne sais quelle pudeur d'âme qui s'opposait à l'entière expression de mes sentiments, et je tâchais de les revêtir des formes de la pensée (BALZAC, Lambert, 1832, p. 180). Dépouillons les faits de la rhétorique dont tu les revêts (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 247). V. arabesque ex. 6.
c) [L'obj. désigne un écrit] Munir un acte de ce qui lui donne un caractère authentique, juridique ou officiel. Revêtir un dossier de sa signature; revêtir un écrit d'un cachet, de la formule exécutoire. L'acte de mon baptême (...) que le grand primat de Macédoine et d'Épire a revêtu de son sceau (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 398). Le portrait (...) ne pourra être tiré sans que je l'aie revu et revêtu de mon bon à paraître (HUGO, Corresp., 1862, p. 425). Au passif. [La rente viagère] peut être aussi constituée, à titre purement gratuit, par donation entre-vifs ou par testament. Elle doit être alors revêtue des formes requises par la loi (Code civil, 1804, art. 1969, p. 354).
3. Revêtir qqc.
a) [L'obj. désigne un vêtement]
Mettre sur soi un vêtement alors qu'on en quitte un autre ou qu'on est nu. Revêtir un habit, une robe. Le matin, à un signal, l'équipage, rangé sur le pont, dépouillait la chemise bleue pour en revêtir une autre qui séchait dans les haubans (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 259). La nuit, j'écarquillai les yeux en la voyant revêtir au lieu d'une chemise de nuit un pyjama (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 276).
Revêtir un vêtement par dessus d'autres. Revêtir un imperméable, un manteau. Le supérieur du séminaire, qui revêtait sa douillette, lui fit signe de rester (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 20).
Mettre sur soi un vêtement particulier, un vêtement de cérémonie ou de fonction. Revêtir une armure, un habit religieux, l'uniforme. Il ne se permettait jamais de dicter une dépêche sans avoir revêtu le costume brodé [de chambellan], garni de tous ses ordres (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 15):
2. Hélas! chez ton amant tu n'es point ramenée.
Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.
L'or autour de tes bras n'a point serré de nœuds.
CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p. 168.
b) Au fig.
) Entrer dans une fonction, un rôle. Synon. endosser. En revêtant les fonctions de prieur (1300), il trouva les nobles et les plébéiens rentrant en lutte (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 64).
) Prendre telle ou telle apparence, avoir tel ou tel caractère. Aussitôt d'un serpent il revêt [Hercule] la figure; Il siffle, il s'enfle, il roule, il déroule ses nœuds (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. 86). Incomparable pantomime, il revêtait le personnage de tous les gens de la maison ducale (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 36). [P. méton.] Un jeune homme dont le visage revêtait cette expression triomphante que donnent le bonheur et la conscience d'une grande beauté physique (GREEN, Journal, 1938, p. 155).
) RELIG. [P. allus. à St Paul Gal. 3, Éph. 4] Revêtir Jésus-Christ, le Christ, l'Homme nouveau. Prendre les sentiments, pensées et manières d'agir de Jésus-Christ de façon à devenir une créature nouvelle. Mais qu'est-ce que revêtir le Christ, sinon, par la grâce, l'assimiler, sinon s'adapter à cette activité qui est la sienne (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 295).
B. — [Le suj. désigne une chose]
1. Revêtir qqn ou qqc. (de qqc.)
a) Rare. [Le suj. désigne un vêtement] Habiller. Ceux-ci [les sarraux] rappelaient les houppelandes qui revêtent certaines des figures symboliques de Giotto (PROUST, Swann, 1913, p. 80).
b) [Le suj. désigne ce qui peut servir de couverture, de protection] Être ajusté, être placé de façon à couvrir, protéger ou orner. Les écailles revêtent les poissons; les prairies revêtent les pentes. Dans l'homme, l'épiderme est généralement très-mince, à l'exception de la partie qui revêt la plante des pieds et la paume des mains (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 542).
Au passif. Les carreaux des fenêtres, revêtus de givre au dehors et de vapeur au dedans, tamisaient une lumière plus adoucie (BOURGET, Disciple, 1889, p. 133).
Empl. pronom. Se recouvrir de. Les champs se revêtaient d'une parure mouvante. C'est le moment de l'année où la forêt déroule ses masses de feuillage d'un vert lourd, presque noir (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 184).
c) Au fig., littér. Conférer tel caractère, telle qualité; couvrir de telle ou telle apparence. Il y a [au XIIe siècle] (...) un épanouissement culturel qui revêt les femmes d'un prestige nouveau (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 160).
Empl. pronom. Prendre tel aspect. Le paysage se revêt de splendeur. Au-dessus (...) une tête de Romulus dessinée au crayon noir, d'après David (...). Et ces quatre murs si vulgaires se revêtaient de majesté (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 332).
2. Au fig. Revêtir qqc. Avoir, prendre (un aspect, un caractère, une forme). Nulle autorité nouvelle ne pourra jamais revêtir un caractère aussi sacré (SAND, Lélia, 1839, p. 472):
3. Si l'heure de la mort revêt pour nous une telle importance, si la jurisprudence, la religion et la morale attachent aux dernières volontés, aux derniers sentiments, aux dernières pensées du mourant un rayonnement (...) n'est-ce point que ce sont là les derniers témoins de la liberté humaine avant son impuissance définitive?
J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 179.
Revêtir un éclat, une importance. Cette cérémonie devait revêtir un certain éclat (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 268).
REM. Revêtu, -ue, part. passé en empl. adj. a) Vx, fam. Gueux, sot revêtu. Homme pauvre devenu riche et arrogant, personne cachant sa sottise sous une riche apparence. Nargue des vertus! On n'en sait que faire. Aux sots revêtus Le tout est de plaire. Bon! (BÉRANGER, Chans., t. 1, 1829, p. 206). b) Technol. Pourvu d'un revêtement. Route revêtue. Des suintements (...) ravinèrent le talus non revêtu du côté des fouilles (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 257).
Prononc. et Orth.:[], [--], (il) revêt [-]. Ac. 1694, 1718: -ves-; dep. 1740: -vê-. Étymol. et Hist. 1. 2e moit. du Xe s. revestir « mettre sur quelqu'un ou sur soi un vêtement, surtout un habit de cérémonie (particulièrement en parlant d'ecclésiastiques, de personnages attachés au service d'une église) » (St Léger, éd. J. Linskill, 145); ca 1050 revestu en « vêtu d'(un costume d'église) » (Alexis, éd. Chr. Storey, 582); 2. ca 1140 revestir « mettre sur soi (un vêtement) » (Pèlerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 189); 3. 1160-74 revestir « donner des vêtements à quelqu'un qui en manque » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 3642); 4. a) ca 1165 revestir « investir, mettre quelqu'un en possession de quelque chose » (Troie, 29502 ds T.-L.); b) ca 1165 revestir « livrer une personne à une autre » ([CHRÉTIEN DE TROYES], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1890); ca 1274 revestir « doter, parer quelqu'un de quelque caractère » (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 3466); c) 1690 revêtir un acte de « mettre (à un acte) tout ce qui est nécessaire pour qu'il soit valide » (FUR.); 5. ca 1170 revestir « mettre de nouveau sur soi (un vêtement) » (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Bisclavret, 285); 6. 1364-65 revestir « couvrir d'un dessus qui rehausse, qui garnit, qui protège (par exemple de planches) » (Invent. mobiliers des ducs de Bourgogne, éd. B. Prost, t. 1, 432). Dér. de vêtir; préf. re-. Fréq. abs. littér.:2 577. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 5 226, b) 2 864; XXe s.: a) 3 511, b) 3 274.

revêtir [ʀ(ə)vetiʀ] v. tr. [CONJUG. vêtir.]
ÉTYM. Fin Xe, revestir; de re-, et vêtir.
———
I
1 Vx. ou littér. Pourvoir de vêtements (une personne qui en manque). || « Il (Tobie) revêtait ceux qui étaient nus » (Bible de Sacy, Tobie, 1, 20). || Revêtir qqn de… || Cette moitié de manteau (cit. 5) dont saint Martin avait revêtu le pauvre.
2 (V. 1050). Couvrir (qqn) d'un vêtement particulier (signe d'une fonction, d'une dignité, symbole d'une situation, etc.). Habiller, parer. || Revêtir un prêtre des ornements sacerdotaux. || Revêtir un acteur de son costume de scène.Revêtir un cheval d'un caparaçon (caparaçonner).
3 (V. 1160). Investir. || Revêtir qqn de… || Revêtir qqn d'un emploi, d'une dignité, d'un pouvoir. || Revêtir une personne d'une autorité. Accréditer, autoriser (vx).
1 (…) à la solide gloire
Des honneurs dont César prétend vous revêtir (…)
Racine, Britannicus, II, 3.
4 (1273). Couvrir (qqch.) d'une apparence, d'un aspect… || Il revêtait ses idées de mille nuances fines. Parer (→ Épouser, cit. 13). || Revêtir une idée, une théorie d'une apparence, de couleurs trompeuses. Colorer, décorer
2 Ne raisonnez jamais sèchement avec la jeunesse. Revêtez la raison d'un corps si vous voulez la lui rendre sensible.
Faites passer par le cœur le langage de l'esprit, afin qu'il se fasse entendre.
Rousseau, Émile, IV.
3 Ils revêtent de leurs illusions une créature et ils s'attrapent : ils aiment leur propre création, les égoïstes !
Balzac, les Ressources de Quinola, II, 7.
5 (1690). Mettre sur (un acte, un document) les signes matériels de sa validité. || Revêtir un dossier des signatures prévues par la loi. || Revêtir un passeport d'un visa. Viser.
6 (Déb. XVe). Orner ou protéger par un revêtement. Couvrir, enduire, garnir, recouvrir, tapisser. || Les décorations dont les Grecs revêtaient leurs murs (→ Exhumation, cit.). || Revêtir une paroi de couleurs. Colorer.
4 L'ardent soleil d'Espagne, qui rougit le marbre et donne à la pierre des tons de safran, l'a revêtue (la façade) d'une robe de couleurs riches et vigoureuses, bien différentes de la lèpre noire dont les siècles encroûtent nos vieux édifices.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 104.
5 Personne n'entendit mieux la peinture murale et décorative; il y montra dans la composition des qualités de premier ordre, et sut revêtir les édifices confiés à son pinceau d'un magnifique vêtement mat de ton comme la fresque, moelleux comme la tapisserie.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Delacroix ».
6 Les murs en étaient à ce point rongés par le salpêtre qu'on avait été obligé de revêtir d'un parement de bois les voûtes des dortoirs, parce qu'il s'en détachait des pierres qui tombaient sur les prisonniers dans leurs lits.
Hugo, les Misérables, IV, VI, III.
7 (Le sujet désigne la chose qui revêt). Servir de vêtement à (qqn). || L'uniforme qui le revêt.Par métaphore et poét. (→ ci-dessous, cit. 7, Hugo).Les nuances qui revêtent ses idées.Les signatures qui doivent revêtir cet acte.
7 L'ange, pareil au lys que la candeur revêt,
Dit au vieillard : Écoute et vois, le juge est proche.
Hugo, la Légende des siècles, LIV, XV.
———
II
1 (V. 1050). Mettre sur soi (un vêtement, un habillement spécial). Endosser, mettre (infra cit. 28), vêtir (→ Métamorphose, cit. 12). || Revêtir ses habits du dimanche. Endimancher (s'). || Il revêtait les pièces (cit. 11) de son uniforme « Tu n'as point revêtu la robe d'hyménée » (cit. 4).Par ext. Mettre par-dessus (un vêtement ordinaire). || Revêtir un imperméable (→ Coiffer, cit. 4).
8 — Que dirais-tu, Marinoni, si tu voyais ton maître revêtir un simple frac olive ? — Son Altesse se rit de ma crédulité.
A. de Musset, Fantasio, I, 3.
Par métaphore. || Revêtir la livrée (cit. 9) du péché. || Revêtir une cuirasse, un masque (cit. 15) d'indifférence. Cuirasser (se).Fig. (Compl. n. abstrait). || Revêtir les apparences du courage. Emprunter. || Le prestige (cit. 4) que revêt le chef.
9 Il est plus facile de revêtir l'uniforme de la guerre que celui de l'absence.
Giraudoux, Amphitryon 38, I, 2.
Par ext. Arborer.
10 Et il revêtit aussitôt, par courtoisie internationale, l'expression de béatitude qu'il avait coutume de réserver pour Caruso.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, IX.
2 (1250). Fig. Avoir, prendre une apparence, un caractère… || Revêtir une forme, une figure étrange (→ Devenir, cit. 4). || La pensée humaine dépouille une forme pour en revêtir une autre (→ Imprimerie, cit. 2).Revêtir un caractère (cit. 28), un aspect (→ Peinture, cit. 11)…
11 (…) la Salamandre n'est autre que le diable, qui revêt, comme on sait, les formes les plus diverses, tantôt agréables, quand il parvient à déguiser sa laideur naturelle, tantôt hideuses, s'il laisse voir sa vraie constitution.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, V, in Œ., t. VIII, p. 44.
——————
se revêtir v. pron.
ÉTYM. (Mil. XVIIe).
Mettre sur soi un vêtement. || Se revêtir d'un uniforme, d'un vêtement de cérémonie.Par métaphore (→ ci-dessous, cit.13, France).Par ext. Prendre une charge, etc. || Se revêtir d'un emploi (cit. 12).Par métaphore, fig. Endosser. || Le Christ s'est revêtu de nos misères (→ Humanité, cit. 4). || Se revêtir de gloire (→ Dépouiller, cit. 4).
12 Je veux que Sganarelle se revête de mes habits (…)
Molière, Dom Juan, II, 5.
13 Au couchant, le ciel, dur et splendide, se revêtait, comme d'une armure, d'un ruisseau de nuages pareils à des lames de cuivre rouge.
France, M. Bergeret à Paris, XIII, Œ., t. XIII, p. 413.
Prendre (telle apparence, tel aspect).
14 Le père Sorel (…) fut très surpris et encore plus content de la singulière proposition que M. de Rênal lui faisait pour son fils Julien. Il ne l'en écouta pas moins avec cet air de tristesse mécontente et de désintérêt dont sait si bien se revêtir la finesse des habitants de ces montagnes.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, IV.
——————
revêtu, ue p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1155, « qui vit en communauté religieuse »).
1 a Vêtu. || Revêtu d'un costume officiel. || Le prêtre, revêtu de ses ornements.Par métaphore. || Le vice revêtu d'un habit (cit. 26) vertueux.Par ext. || Revêtu d'un pouvoir emprunté (cit. 23).
15 (…) au collège, tous ceux qui apprenaient quelque chose se destinaient à l'état ecclésiastique. La prêtrise égalait celui qui en était revêtu à un noble.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, Œ. compl., t. II, p. 799.
b (1656). Vx (langue class.). Loc. Gueux revêtu, sot revêtu, dissimulé sous de fausses apparences.
2 Pièces revêtues des légalisations (cit. 1) nécessaires.
3 Recouvert. || Canapé (cit. 1) revêtu de velours grenat.Maison revêtue d'ardoises (→ Niveau, cit. 3).
CONTR. Dénuder, dépouiller, dévêtir.
DÉR. Revêtement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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  • revêtir — (re vê tir) v. a.    Il se conjugue comme vêtir. 1°   Donner des vêtements à quelqu un qui en manque. •   Il [Tobie] nourrissait ceux qui avaient faim, revêtait ceux qui étaient nus, SACI Bible, Tobie, I, 20. •   C est là [dans les hospices] que… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • REVÊTIR — v. tr. Pourvoir de vêtements quelqu’un qui en a besoin. Revêtir les pauvres. Il signifie aussi Couvrir d’un vêtement, spécialement en parlant des Habits de cérémonie ou des autres marques de dignité. Deux aumôniers revêtirent ce prélat de ses… …   Dictionnaire de l'Academie Francaise, 8eme edition (1935)

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  • habiller — [ abije ] v. tr. <conjug. : 1> • v. 1200 s abillier « se préparer »; p. ê. de 1. a et du gaul. °bilia (proprt « préparer une bille de bois »; → 2. bille), avec infl. de hable, abille « propre à », du lat. habilis (→ habile) I ♦ Techn.… …   Encyclopédie Universelle

  • Paramentique catholique — La paramentique (du latin parare, préparer, apprêter) est l ensemble des vêtements, coiffes, tentures, parements et ornements utilisés dans les liturgies religieuses. On y inclut parfois l orfèvrerie sacrée. Les formes, les coupes, les… …   Wikipédia en Français

  • couvrir — [ kuvrir ] v. tr. <conjug. : 18> • 1080; lat. cooperire ♦ Revêtir d une chose, d une matière pour cacher, fermer, orner, protéger. I ♦ 1 ♦ Garnir (un objet) en disposant qqch. dessus. ⇒ recouvrir. Couvrir un plat, une marmite avec un… …   Encyclopédie Universelle

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